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23 12 2024

Quelques années avant notre ère, ma tante Joëlle, dont le corps est touché par une maladie dégénérative qui a porté atteinte à sa mobilité et son autonomie me glissait : "Tu sais, dans ma tête, j'ai toujours 20 ans".

Je ne crois pas y avoir prêté ni beaucoup d'attention, ni vraiment donné crédit à ce qu'elle me glissait. Il me semble qu'il existe une longue période où nous "jeunes" éprouvons fondamentalement qu'un fossé infranchissable sépare notre caste et celle de nos aînés. Un chemin, non, un pont, qu'ils ont franchis et qui les séparent à jamais de nous dans la pensée, la perception du monde, les facultés... et un peu tout en fait.

Il me semble que c'était hier - c'était il n'y a pas si longtemps au demeurant - et aujourd'hui, j'éprouve ce sentiment d'être à deux doigts de témoigner auprès de tous les "jeunes" que je croise : "Tu sais, dans ma tête, j'ai toujours 20 ans".

J'ai du mal à considérer et sans doute du mal à accepter de ne plus les porter mes 20 ans car, oui Tata, je te comprends tandis que mon compteur affiche désormais le double bien tassé.

Récemment, dans une scène d'un film que je n'arrive pas à resituer (l'âge...), une protagoniste témoignait : "Je suis trop vieille pour être jeune mais trop jeune pour être vieille " et cette tirade m'a interpelé. C'est tellement ça.

Aujourd'hui, dès lors que je me retrouve dans une assemblée intergénérationnel, j'ai tendance à identifier les 25 - 35 ans comme étant mes pairs et chercher à m'intégrer auprès d'eux plutôt qu'auprès de mes contemporains. Syndrome de Peter Pan ? Le fait est que j'ai - c'est peut-être différent pour ceux que j'approche - le sentiment d'avoir autrement plus en commun avec eux qu'avec mes "semblables". À ce titre, je possède des circonstances atténuantes :

  • je n'ai pas d'enfant et sans aller jusqu'à prétendre que les quadras ne parlent que de ça (ce qui est loin d'être le cas du fait que leur descendance est déjà avancée dans la vie), ça forge néanmoins une vision et des préoccupations différentes ;

  • je n'ai pas de voiture... Comment ça, "et alors ?". Je peux vous assurer que ça pèse. J'irai même jusqu'à dire que peut-être que le jour où j'achèterai une première voiture, j'estimerai avoir définitivement percé dans l'âge adulte. Pour l'heure et à vélo, j'y vois juste une évolution aux longues années où je me déplaçais à rollers. Peut-être même qu'un jour, je reprendrais le roller...

  • je... ne vois rien d'autre sinon un esprit jeune et un sentiment persistent et, j'en suis (relativement) conscient fallacieux, que j'ai conservé un esprit jeune, d'aucun prétendrait immature, dynamique, enjoué, insouciant et irresponsable.

Vous savez, dans ma tête, j'ai toujours 20 ans.